La pièce Dialogue à quatre vient de la forme de l’école Arts² à Mons. L’architecture de celle-ci dessine un rectangle délimité par quatre façades parfaitement symétriques. Cet espace m’évoque une caisse de résonance qui attendrait d’être stimulée. Les arcades qui font le tour de la cour, les innombrables fenêtres identiques et la hauteur du bâtiment : tout cela rend le lieu intéressant d’un point de vue acoustique et m’a rappelé les croquis de Max Neuhaus pour ses œuvres telles que Deux passages et Siren project .
Dans le même temps, la coexistence de ces baies autour de la cour évoque aussi nécessairement la possibilité d’une vie commune pour les occupants du lieu. C’est cette expérience de l’architecture et des voix qui se répandent dans l’espace que je souhaite partager.
Dans la veine de l’artiste Dominique Petitgand qui dispose dans l’espace des enregistrements de voix, de sons et de musique, la restitution du dialogue capté dans la cour à l’aide de quatre microphones appelle un contexte d’écoute particulier. Il consiste en un volume fermé qui reprend symboliquement la configuration de l’école Arts². À l’intérieur, les voix diffusées sont marquées par la signature du lieu d’origine et projetées à différentes hauteurs. Le visiteur se retrouve au milieu des échanges entre quatre personnes, rendu difficile par l’éloignement et les préoccupations propres à chacune d’elles.
Après des études en architecture, je me suis orienté vers le domaine des arts plastiques à l’ESA. Je m’intéresse particulièrement au cadre de vie humain à l’échelle du microcosme. Le son et la photographie sont mes médiums de prédilection dans une approche qui se veut sensorielle avant tout. Les signaux sonores tels qu’un chant d’oiseau ou le grésillement d’une ligne électrique deviennent matière à fabriquer un univers à mi-chemin entre réalisme et sensation subjective.