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…Ne restera qu’une onde_ Maïa Blondeau

La voix. Laquelle ?

La voix et son souvenir.

La voix et son image.

La voix ; les voix.

La voix qui soigne.

Avant qu’il ne soit l’heure.

Il ne restera qu’une onde.

Aurais-je pu proposer aux spectateurs, à la manière des Archives du cœur de Boltanski ou des Moon bounce de la pièce Echoes From the Moon de Pauline Oliveros, un enregistrement sonore de leur voix ? L’onde de leur voix. Celle-ci, capturée par la machinerie, devient alors la trace du timbre, la preuve d’une existence, d’un passage.

Faudrait-il alors créer un lieu pour que vive cette onde ? Un lieu d’archives, où les voix seraient toutes bien classées par ordre alphabétique ; tandis que les corps qui autrefois abritaient ces voix dormiraient dans tous les coins du monde. Pareil dispositif est en gestation.

Grâce à ces réflexions, une nécessité s’est imposée à moi : prendre soin des voix qui me sont proches. Celles, qui par la logique du temps, vont s’éteindre avant la mienne. Les protéger de mon oubli grâce à la mémoire numérique, l’enregistrement. Mais celui-ci est-il vraiment un moyen inaltérable ? Il naît alors un lieu sombre où les temps se confondent, les espaces aussi. Le son, à la fois mélodique et abrupt à la manière de fragments rugueux, est présent en boucle, synchronisé avec la vidéo – elle aussi bouclée. Les deux voix existent ensemble pour la première fois, dans une mémoire fabriquée avec soin. Au contraire des voix enregistrées qui sont marqués dès leur captation (devenant par ce fait des vecteurs indiciaires), l’image qui s’accroche, comme elle peut sur la matière, perd des détails au fil des couches, telle un souvenir qui s’altère avec le temps, abandonnant ses contours. Il est un temps variable, selon que l’on est dans le Monde des Métaphores ou que l’on est dans le nôtre – le monde des mortels.

Entre la France et la Belgique, le Vietnam et la Corse, Maïa Blondeau, compositrice et saxophoniste, tisse des fils avec toutes ses pratiques artistiques et mène sa volonté créative avec ferveur. Elle est actuellement en deuxième année de master à l’Ecole Supérieure des Arts de Mons, (Arts2) dans la classe de musiques appliquées et interactives (M.A.I.) – à la croisée entre musique à l’image, musique pour le théâtre et art
sonore. Elle compose pour Manuel d’Exil mis en scène par Maya Bösch, création 2021 au théâtre Saint Gervais à Genève, pour Greta T. et WhoWhoWho écrit et mis en scène par Sylvie Landuyt ; l’été 2020 elle signe la B.O. du documentaire « La Vie en Rose » de Camille Béglin et la couture sonore de « Poutre », film chorégraphique de Pauline Brun. Maïa développe aussi une pratique artistique plastique et visuelle. En 2018, Transcultures
sélectionne son travail comme émergence et lui permet d’exposer lors de diverses expositions collectives (Digital Numérique à l’Abbaye de Villers (BE), La Magnifique Avant-Garde au SHED de Reims (FR), ARTour 2019 à la Louvière (BE), City Sonic #16 Winter Sessions à Louvain- la-Neuve (BE).

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